L’alphabet et les sons arabes: Episode III

Soukoune… C’est une pâtisserie?

Pour compléter l’alphabet, passé en revue dans l’Episode II, faisons maintenant un petit tour d’horizon des signes diacritiques (accents).

A quoi servent les signes diacritiques d’un point de vue phonétique?

Ils permettent d’exprimer les voyelles brèves et d’apporter différentes modulations  aux voyelles longues ainsi qu’aux consonnes. Le but de cet article n’est pas de comprendre à quoi ils servent d’un point de vue grammatical (inutile de mettre la charrue avant les bœufs) mais bien d’apprendre à les reconnaitre et à les prononcer correctement en contexte.

1. Les voyelles brèves

Outre les 3 voyelles longues, l’arabe compte 3 voyelles brèves. Ces dernières sont réalisées à l’écrit sous forme de diacritiques.

  • FATHA  : le fatha permet la réalisation de la voyelle brève [a]. Il se présente sous la forme d’un accent aigu placé juste au-dessus de la lettre.
  • DAMMA  : le damma permet la réalisation de la voyelle brève [u]. Il se présente sous la forme d’un mini waw placé juste au-dessus de la lettre.
  • KASRA  : le kasra permet la réalisation de la voyelle brève [i]. Il se présente sous la forme d’un accent aigu placé juste en-dessous de la lettre.

2. Les TANOUINES

  • TANOUINE FATHA ou FATHATAN  : le fathatan permet la réalisation du son [an]. Il se présente sous la forme d’un double fatha.
  • TANOUINE DAMMA ou DAMMATAN  : le dammatan permet la réalisation du son [ɔn]. Il se présente sous la forme d’un double damma.
  • TANOUINE KASRA ou KASRATAN  : le kasratan permet la réalisation du son [en] ou [ɛn]. Il se présente sous la forme d’un double kasra.

3. Le SOUKOUNE

Les syllabes peuvent être ouvertes ou fermées. C’est-à-dire? Si la syllabe se termine par une consonne, elle est fermée. Si la syllabe se termine par une voyelle, elle est ouverte. Pour indiquer qu’une syllabe est fermée (à la prononciation), on ajoute tout simplement un soukoune (petit cercle) au-dessus de la lettre. Pour mieux « visualiser » ce phénomène, voici une petite vidéo: la personne qui récite l’alphabet prononce d’abord la lettre pour une réalisation en syllabe ouverte (bref, comme quand on récite l’alphabet normalement) et répète ensuite la même lettre pour sa réalisation en syllabe fermée.

4. La CHADDA

C’est le diacritique qui permet d’indiquer le redoublement d’une consonne. En linguistique, on appelle ça la gémination. Pour l’indiquer, il suffit d’ajouter le diacritique qui ressemble à un « w » juste au-dessus de la consonne. En français, la gémination existe aussi. Ah bon? Oui, oui, voici quelques exemples: illégal (2 « l »), innombrable (2 « n ») ou encore immaculé (2 « m »). On écrit et on prononce 2 consonnes.

5. La MADDA

La madda est un diacritique qui permet de faire l’économie d’un alif dans certains cas. En effet, il arrive, en arabe, que deux alif se succèdent et qu’on en supprime un (le pourquoi importe peu pour l’instant, contentons-nous de le savoir, chaque chose en son temps). Résultat: on n’écrit qu’un seul alif, surmonté d’une petite vague (comme la « tilde » espagnole), ce qui a pour effet de prolonger le son.

6. La HAMZA (et ses caprices)

La hamza est un signe un peu particulier. Tantôt lettre à part entière, tantôt diacritique, son utilisation est un peu complexe… Voici pour l’instant les seules informations qui nous intéresse:

  • HAMZA : c’est le nom de la hamza lorsqu’elle se comporte comme une lettre à part entière. D’un point de vue graphique, elle s’écrit donc sur la ligne comme ses 28 compagnes. D’un point de vue phonique, elle correspond à ce que l’on appelle un « coup de glotte » ou « attaque vocalique et se note en API [ʔ] .
  • QATA : c’est l’un des noms de la hamza lorsqu’elle prend la forme d’un diacritique. Son placement dépend semble-t-il de beaucoup de choses (qui ne nous intéressent pas pour l’instant). Tout ce qu’il faut retenir pour l’heure, c’est qu’elle peut apparaitre au-dessus ou en-dessous d’une lettre et qu’elle correspond à un son coupé.
  • ALIF WASLA  : c’est un outil de liaison (et c’est tout ce qui nous intéresse pour l’instant). Notons juste que la wasla n’a qu’un seul copain dans la vie, alif (comme son nom l’indique).

NB : La hamza est les seul diacritique obligatoire. Les autres ne sont en général écrits que dans les textes dits « vocalisés » (concrètement, dans les textes où on écrit tous les diacritiques, c’est-à-dire le Coran et les textes didactiques).

Ainsi s’achève la saga de l’alphabet et des sons arabes. Encore un fois, n’hésitez pas à me faire part de vos remarques…

Le prochain article? La forme des lettres en fonction de leur position.

Yallah!