Réapprendre à lire et à écrire…

Plonger dans un livre et se laisser emporter?

C’est bien joli tout ça mais, en attendant, il va falloir réapprendre à lire et à écrire… et de droite à gauche, svp! Autant dire que cela risque de prendre un petit peu de temps (oui, c’est un euphémisme). C’est un peu comme le permis de conduire: en théorie, pas de souci, mais de là à conduire comme Fangio, disons qu’il y a une certaine marge.

Qu’est-ce qu’on fait alors, en attendant? On prend son mal en patience et on s’entraine!

1. Pour commencer, quelques points encourageants…

Un point très encourageant pour les « nouvelles recrues »: en arabe, on ne lit ni plus ni moins que ce que l’on écrit (oui, je l’ai déjà dit, je sais bien). Pour s’en convaincre, retour au trois épisodes précédents (I, II et III).

Au début, on a besoin de tous les diacritiques pour reconnaitre les mots, mais les arabes écrivent sans, ils n’en ont pas (plus) besoin. C’est un peu comme s’ils avaient la photographie du mot en tête et qu’ils reconnaissaient son image en un clin d’oeil.

Waouw, impressionnant? Vous vous dites que les arabes sont doués d’une mémoire exceptionnelle ? Non. D’ailleurs, pour vous rassurer, je vous invite à cliquer juste ici… Nous non plus, en français, on ne lit pas les mots lettre par lettre (ni dans aucune langue d’ailleurs). On a aussi une sorte de photographie des mots imprimée dans le cerveau.

Un autre aspect de la langue arabe est également assez encourageant pour les débutants: il n’y a pas de différence entre l’écriture manuscrite et les caractères imprimés.

Et la cerise sur le gâteau, pour terminer cette jolie série: l’arabe n’a que faire de la distinction majuscule/minuscule, cette notion n’existe pas.

2. Quand est-ce que ça se corse alors?

Quand on parle de la morphologie des lettres…

Pourquoi? Parce que les lettres arabes pratiquent une sorte de mimétisme : elles s’adaptent à leur environnement. En effet, chaque lettre peut prendre 4 graphies différentes en fonction de sa position: isolée (solitaire), initiale (en début de mot) – médiane (au milieu d’un mot) ou finale (en fin de mot).

Les lettres s’attachent toutes entre elles sauf 6, un peu asociales, qui ne s’attachent jamais à gauche. Ces dernières sont précédées d’une petite étoile rouge dans le tableau qui figure ci-après.

Pour télécharger le tableau au format pdf, un petit clic ici.

3. Pas si vite, c’est pas tout à fait fini!

Quelques particularités de la langue arabe qui méritent également une attention particulière:

  • ALIF MAQSOURA  : c’est la forme que prend parfois alif en position finale (non, je ne sais pas encore pourquoi). D’un point de vue graphique, c’est un ya sans les points.
  • TA MARBOUTA   : le ta marbouta se manifeste uniquement en fin de mot et c’est la marque du féminin des noms et des adjectifs (mais pas toujours: tous les mots qui se terminent par cette lettre sont féminins, par contre, tous les mots féminins ne se terminent pas par ta marbouta). La première graphie correspond à sa forme en position finale isolée et la seconde s’utilise en position finale attachée. Côté prononciation, deux possibilités: [ah] (la lettre qui le précède portant toujours un fatha) ou [tan]/[tɔn]/[ten] lorsqu’il porte un tanouine (Christodoulou, merci pour la remarque).

Illustration: se lit donc tandis que   se lit .

  • LAMALIF   : une belle histoire d’amour pour terminer, la rencontre de lam et de… alif. Lorsqu’elles sont côte à côte, ces deux lettres sont inséparables. La première graphie correspond à leur ligature en position isolée et la seconde se manifeste lorsqu’elles sont en position médiane.

Yallah!